Le « fast management » s’est imposé en même temps que la course à la rentabilité. Petit à petit, l'entreprise adopte les comportements du « fast » : toujours plus rentable, toujours plus productif ! Inspiré des théories du travail comme le Taylorisme, qui considère l’Homme comme une force de travail égale à la machine en termes de productivité, le « fast management » encourage la montée de l’individualisme et impose des conditions de travail aux conséquences néfastes sur le bien-être salarial.
Peu à peu, entrepreneurs et RH ont compris que ces techniques de management peu flexibles et peu valorisantes ne motivent plus leurs collaborateurs. Bien au contraire, ces modes de travail contribuent à alimenter une ambiance oppressante et décourageante. On peut même s’interroger sur l’impact que peut avoir ce type de management sur la productivité en elle-même. Le manque de confiance envers son supérieur et l’insatisfaction ne sont toutes deux pas un moteur de productivité !
Cependant, le phénomène du « fast », toujours défini dans un contexte de révolution industrielle, est aujourd’hui à nuancer. Les entreprises tentent de considérer davantage le bien-être du salarié, dans le cadre d’une stratégie RSE notamment.
On connaissait déjà la « slow food », le « slow design » ou encore la « slow communication », place maintenant au « slow management » ! Ce dernier ambitionne de révolutionner les méthodes de management actuelles qualifiées de « fast » et autoritaires. Comment ? En mettant en place un environnement dans lequel des leviers réellement engageants pour les salariés appuient la stratégie d’entreprise : les valeurs éthico-sociales et morales, le développement durable ou encore la RSE.
Pour la petite histoire, le slow management est né en 2004, dans un ouvrage de H. Bruch et S. Ghoshal. Le concept peut être aussi associé au développement d’une « philosophie de la lenteur », démocratisé par C. Honoré en 2004 également. Car c’est ce dont il s’agit ici : le slow management, c’est l’éloge de la lenteur !
Dans le premier ouvrage anglais, le slow management consiste à la réduction et priorisation des tâches, mais le concept s’est aujourd’hui étendu à un mode de gestion qui prend son temps et s’articule autour du bien-être et de l’épanouissement.
Face à l’échec des techniques de gestion traditionnelles, ce concept propose non pas de repenser l’entièreté des principes fondateurs d’une entreprise, mais d’apporter une nouvelle vision du management : la rentabilité s’appuie sur l’humain valorisé et épanoui !
Et plus concrètement alors ? Est-il possible, pour une entreprise, d’appliquer le slow management ? Ce dernier pourrait se concrétiser en interne de différentes façons :
Mais ces évolutions peuvent s’avérer être difficiles à mettre en œuvre pour certaines structures. Celles-ci ne sont pas toujours informées, sensibilisées ou prêtes à l’innovation en termes de management.
Généralement, c’est la méthode des petits pas qui est préconisée ! En exemple, les fondateurs de HP ont mis en place le « management by walking around » (MBWA), qui consiste à prendre le temps (encore une fois) d’aller à la rencontre de l’équipe. Cette démarche est d’ailleurs d’autant plus bénéfique dans le cas d’une crise interne. Car oui, les salariés peuvent eux aussi être forces de proposition pour reconstruire l’identité et la feuille de route d’une entreprise ! De plus, aller à la rencontre de l'équipe, c’est aussi véhiculer un message fort d’inclusion et de proximité. Il n’est cependant pas à confondre avec un outil de contrôle ou de simple communication !
Ce concept remet aussi en question l’utilisation excessive des outils numériques de gestion et de communication. Le recours normalisé au numérique peut s’avérer être source de stress et pousserait à multiplier les erreurs au travail.
Leslie Perlow, professeur à la Harvard Business School, propose de couper son téléphone à certains moments de la journée… pour faire une pause, mais aussi augmenter sa productivité ! Dans son étude, les salariés injoignables dès 18h retrouvent l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle, et estiment surtout leur travail comme étant de meilleure qualité. D’ailleurs, ils envisagent à 54% de rester plus longtemps dans l’entreprise, contre 40% de salariés joignables à toute heure.
Deux entreprises allemandes, Henkel et Volkswagen, ont également organisé une trêve de mails entre Noël et le jour de l’An, et ont bloqué l’accès aux téléphones professionnels dès 18h également. Ces démarches novatrices tendent à favoriser le bien-être des salariés, mais aussi à développer l’attractivité de l’entreprise sur le marché de l’emploi. Cependant, on s'interroge tout de même sur le manque de souplesse d'organisation imposé dans ce cas de figure au salarié.
Non, la lenteur n’est pas l’ennemi de la productivité ! D’ailleurs, une sieste de vingt minutes peut développer la productivité de 20%. Mais il faudra peut-être attendre quelques années avant de pouvoir somnoler au travail ! Cependant, les temps de pause commencent peu à peu à être considérés par les dirigeants d’entreprise, et rentrent entièrement dans une stratégie plus « slow ». Une simple pause-café représente beaucoup pour le salarié, car elle lui donne l’opportunité de communiquer avec ses collèges et de sortir du cadre professionnel.
Ce qui nous amène à la procrastination positive ! Selon une étude de l’université Carleton, la moitié du temps passé sur internet au travail permettrait au salarié de retarder l’exécution d’une mission. Mark Twain écrivait qu’il « ne fallait jamais remettre au lendemain ce que l’on pourrait faire le surlendemain ». Et si c’était vrai ? Cette même étude nous apprend que la procrastination permettrait une priorisation des tâches plus efficace et une meilleure évacuation du stress !
Mais toutes ces pratiques, qu'il s'agisse de la sieste, des pauses ou de la procrastination, restent des réponses individuelles qui ne se suffisent pas à elles-mêmes et méritent d'être intégrée dans une approche plus globale du slow management.
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