Selon l’OCDE, la durée de vie moyenne d’une compétence technique est aujourd’hui estimée entre 12 et 18 mois, alors qu’elle était de 30 ans en 1987. Cette obsolescence sans précédent amène entreprises et individus à se questionner sur les compétences « clés » à maîtriser.
Ce questionnement met en exergue la nécessité absolue de (se) former aux soft skills : ces compétences « non techniques » mais comportementales, véritables leviers de performance et d’agilité.
Les définitions sont nombreuses et pas forcément unanimes quand il s’agit de « soft skills ». Nous en proposons ici une définition anglophone* : « the sets of behaviors that the person must have and be able to display in order to perform the tasks and functions of a job with competence ». Autrement dit, les soft skills sont les savoir-être transverses à différents métiers. Elles facilitent les échanges et interactions dans la société et le monde de l’entreprise. Elles sont à dissocier de la « personnalité » qui correspond à l’identité d’une personne. En effet, les softs skills se développent et ne sont observables qu’en situation réelle.
Il est par ailleurs intéressant de noter que ces aptitudes sociales et émotionnelles s’acquièrent dans le monde de l’entreprise mais aussi tout au long de la vie dans sa vie personnelle (sphère familiale, interactions sociales, expériences associatives, sportives, artistiques, etc.). Elles complètent les hard skills qui, elles, correspondent aux savoir-faire, acquis à travers un apprentissage académique et théorique (diplômes, formations techniques…).
Mais bien que les soft skills ne se développent pas grâce à des diplômes, il demeure essentiel de les travailler régulièrement pour les développer. A titre d’exemples, des compétences comportementales telles que le leadership, l’adaptabilité ou encore la résolution de problèmes, requièrent pratique et approfondissement.
Selon des recherches menées par l'université de Harvard, la fondation Carnegie et le centre de recherche de Stanford, les compétences comportementales sont responsables de 85 % des réussites professionnelles, tandis que 15 % seulement sont attribués aux compétences techniques.
De nos jours, la performance au travail n’est donc plus garantie uniquement par des compétences techniques périssables. Et bien que les nouvelles technologies – intelligence artificielle, robotisation, etc. - explosent et transforment radicalement nos quotidiens, nos organisations et nos métiers, ce sont là encore les soft skills qui font la différence puisqu’elles permettent d’appréhender et de s’adapter aux changements de notre environnement.
Chiffre édifiant sur le sujet : selon un rapport de l’Institut pour le futur - un think tank californien, 85 % des emplois qui seront demandés en 2030 n’existent pas encore aujourd’hui. Comme l’explique Jérôme Hoarau dans son livre Réflexe Soft Skills, : « A l’inverse des compétences techniques, il n’est pas possible de déléguer aux robots les compétences comportementales ». Là encore, ce sont les comportements humains qui continueront de faire la différence face à des machines robotisées qui, elles, ne peuvent apriori pas acquérir de compétences « douces ».
C’est pourquoi, selon les statistiques de Skill Survey, 77 % des employeurs estiment aujourd’hui que les soft-skills sont plus importantes que les compétences techniques.
A l’heure où les modes de management évoluent et s’assouplissent dans les organisations, des compétences telles que la prise d’initiative ou de décision, ou l’adaptabilité, deviennent des compétences comportementales primordiales. La plupart des grands groupes cherchent ainsi à devenir plus agile, avec des structures hiérarchiques plus plates, des rôles plus responsabilisants, des fiches de postes moins « limitantes ».
Mais devenir agile ne se décrète pas. Pour ce faire, il est nécessaire d’opérer un véritable changement culturel, qui doit être compris et incarné par l’ensemble des collaborateurs. Il s’agit parfois de « désapprendre » des process ou façons de faire, pour laisser la place à de nouvelles pratiques. Ou encore d’adopter un regard critique et constructif sur ses modes de fonctionnement, individuels ou collectifs. Autant de compétences soft qui ne s’enseignent pas de façon théorique, mais se développent dans le temps, et par la pratique.
De nombreuses études dressent la liste des soft skills indispensables à maitriser dans le monde du travail. Parmi celles-ci, celle du Forum Economique Mondial qui identifie un “Top 10 “ d’ici 2022 :
Être capable d’identifier un problème, d’en mesurer la complexité afin de le résoudre en faisant appel à sa créativité, en collectant des informations pertinentes et en mettant en place un plan d’action adapté.
Être capable de prendre du recul par rapport aux informations que l’on possède afin d’évaluer leur pertinence et de mener un raisonnement logique. Savoir remettre en question des affirmations.
Être innovant et créer des connexions entre les idées, les choses et les personnes afin de créer de nouvelles façons de faire.
Être capable de piloter, encadrer, fédérer ainsi qu’animer une équipe.
Être capable de travailler en équipe, de coopérer et de s’adapter à chacun afin d’atteindre un objectif commun.
Être capable d’identifier et comprendre ses émotions ainsi que celles des autres en prenant du recul afin d’ajuster son comportement.
Être capable de se poser les bonnes questions en évaluant les différentes options ainsi que les risques présentés, arbitrer et faire le meilleur choix possible en faisant appel à son esprit critique.
Capacité à “chercher activement à aider et se soucier d’autrui”, être ouvert.
Être capable de comprendre les besoins de son interlocuteur, d’évaluer l'intérêt d'une proposition et de faire appel à ses capacités d’argumentation pour parvenir à une solution qui satisfait toutes les parties.
C'est la capacité à se remettre en question, à s’adapter aux nouvelles formes de travail, aux situations instables et aux changements parfois inattendus.
@sources :